• Affaire Vincent Lambert : l'épilogue, vraiment ?

    La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a validé ce vendredi 5 juin l’arrêt des soins qui maintiennent artificiellement en vie Vincent Lambert, ce tétraplégique en état végétatif depuis sept ans.
    La Cour a en effet estimé que cela ne violerait pas l’article 2 de la convention européenne des droits de l’homme, régissant le droit à la vie de l’ancien infirmier psychiatrique de 38 ans.

    Victime d’un accident de la route en 2008, qui a provoqué des lésions cérébrales irréversibles, Vincent Lambert est hospitalisé dans une unité de soins palliatifs au CHU de Reims, où il est nourri et hydraté artificiellement. La juridiction du Conseil de l’Europe a validé l’arrêt du Conseil d’Etat français autorisant l’arrêt des soins dont bénéficie l’homme, et ouvre donc la voie à l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation de Vincent Lambert.

    « La Cour est arrivée à la conclusion que la présente affaire avait fait l’objet d’un examen approfondi où tous les points de vue avaient pu s’exprimer et où tous les aspects avaient été mûrement pesés, tant au vu d’une expertise médicale détaillée que d’observations générales des plus hautes instances », a commenté le président de la CEDH, Dean Spielmann.

    La Cour a également estimé que les dispositions de la loi Leonetti sur la fin de vie « constituent un cadre législatif suffisamment clair pour encadrer de façon précise la décision du médecin » dans un cas comme celui de Vincent Lambert. De fait, cette décision de la justice européenne, la première en matière de droit à la fin de vie, devrait faire jurisprudence.

    Le député Jean Leonetti (Les Républicains, ex-UMP) s'est déclaré « soulagé », vendredi, que sa loi de 2005 sur la fin de vie ne soit pas remise en cause par cette décision. « Ce n'est pas une victoire, il n'y a ni vainqueurs, ni vaincus », a-t-il ajouté.

    La justice européenne a donc débouté les parents de Vincent Lambert, l’une de ses sœurs et un demi-frère qui dénonçaient, dans cette mort programmée, une violation du « droit à la vie » et un « traitement inhumain et dégradant ». A l’issue du verdict, la mère de Vincent Lambert s’est dite « scandalisée » par cette décision. « On condamne notre fils », a-t-elle déclaré aux médias. « Nous resterons aux côtés de Vincent et nous continuerons à nous battre », a-t-elle ajouté.

    Quant au Comité de soutien à Vincent Lambert, il « condamne cette décision lourde de conséquences » dans un communiqué. « La CEDH n’a pas su regarder Vincent comme il est, c’est-à-dire certes handicapé, mais bien vivant et nullement en phase d’agonie », est-il écrit, photo de Vincent Lambert sur son lit d’hôpital à l’appui, pour dénoncer des « informations mensongères » sur son état.

    De leur côté, les avocats des parents de Vincent Lambert ont déclaré :

    « La Cour a fait tomber le dernier rempart contre l’arbitraire, elle a perdu toute légitimité et toute crédibilité. Elle n’est plus la Cour européenne des droits de l’homme vulnérable, handicapé, sans défense. Elle n’est désormais plus que la “Cour-européenne-des-droits-de-l’homme-en-bonne-santé”. »

    L’épouse de Vincent Lambert, cinq de ses frères et sœurs, ainsi qu’un neveu demandaient en revanche que le patient puisse mourir « dignement », conformément à l’avis de ses médecins et à ce qu’il aurait, selon eux, souhaité. Le docteur Eric Kariger, qui a soigné Vincent Lambert pendant six ans, a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) qu’il s’agit d’une « décision sage et courageuse, (…) un petit pas pour Vincent Lambert, son épouse et ses proches qui respectent ses volontés, mais un grand pas pour l’humanité ! » Il a ajouté que, dans l’état où se trouve Vincent Lambert, « le plus grand geste d’amour, c’est de laisser partir celui que l’on aime ! »

    Co-auteur avec Jean Leonetti d’un nouveau texte sur la fin de vie qui doit être examiné au Sénat, le député socialiste Alain Claeys s’est pour sa part déclaré « satisfait » de la décision de la CEDH. Jean Leonetti, député Les Républicains des Alpes-Maritimes, s’est dit « soulagé que [sa] loi ne soit pas remise en cause ».

    L’arrêt, rendu par la grande chambre de la Cour, est définitif. Mais l’avocat des parents, Me Jean Paillot, avait clairement annoncé qu’il ne baisserait pas les bras en cas d’une décision défavorable de la CEDH, et qu’il introduirait de nouveaux recours en France. Maître Pettiti, l’avocat de Rachel Lambert, a, lui, estimé qu’il « serait très sage de respecter cette décision : toutes les voies internes ont été épuisées et la voie européenne aussi ».

    Le débat juridique est certes désormais clos, mais la bataille sur le symbole Vincent Lambert, elle, n’est pas prête de s’apaiser. Et, même si la décision a été confortée par les plus hautes instances, le Conseil d’Etat, le CEDH, comment faire ce geste si lourd de sens, arrêter la nutrition et l’hydratation, pour l’équipe médicale du CHU de Reims, dans cette atmosphère électrique ?
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  • Commentaires

    1
    Vendredi 5 Juin 2015 à 18:22

    le plus grand geste d’amour, c’est de laisser partir celui que l’on aime ! »

    Je suis absolument d'accord avec phrase, l'acharnement thérapeutique est inadmissible...

    Bonne fin de semaine

    2
    Samedi 6 Juin 2015 à 08:02

    Tout a fait d'accord aussi !!!même si ca fait mal !que fait on avec nos animaux qui nous sont chers ? c'est un geste d'amour .

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