La prudence est désormais de mise sur le front de l'emploi. A quelques heures de la publication des chiffres du chômage du mois de janvier, le ministre du Travail, Michel Sapin, est apparu presque résigné mercredi, affirmant ne "s'attendre à rien (..) ni dans un sens ni dans l'autre".

"Le premier moteur, celui de la politique de l'emploi, porte ses fruits. Le second, celui de l'activité économique et des entreprises est allumé, mais ne tourne pas suffisamment", prévient le ministre du travail,

Après le rendez-vous manqué de décembre, qui avait enregistré 10.200 demandeurs d'emplois supplémentaires en métropole et acté l' échec de l' inversion de la courbe du chpômage promise par François Hollande, le gouvernement a revu à la baisse ses ambitions. Aujourd'hui, Michel Sapin se contente d'affirmer vouloir "moins de chômeurs à la fin de l'année" 2014.

Un objectif que le gouvernement entend atteindre sans modifier son action. "On ne changera rien à la politique de l'emploi", a ainsi affirmé à l'AFP , le ministre, qui compte donc sur les dispositifs mis en place ces derniers mois. En premier lieu : les emplois aidés. 50.000 nouveaux emplois d'avenir doivent être signés au cours de l'année, après 100.000 en 2013. 70.000 chômeurs devraient en outre bénéficier cette année du plan prioritaire de formations, contre 30.000 l'an dernier. Enfin, le Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) devrait également peser positivement sur la création d'emplois dans les mois à venir.

Mais comme l'a rappelé Michel Sapin, ces mesures ne peuvent avoir qu'un effet limité en l'absence d'"un deuxième moteur : la croissance". Selon les économistes, 1,5% de croissance minimum est en effet requis pour relancer l'emploi afin de compenser le simple effet mécanique de la démographie en France.

Or, le gouvernement ne prévoit pour cette année qu'une progression du PIB de 0,9%, identique aux prévisions du FMI. Largement insuffisant, donc, pour absorber le flux de nouveaux entrants sur le marché du travail. La prévision de Bercy s'avère néanmoins prudente. Ainsi, mercredi, Bruxelles a revu à la hausse ses propres prévisions et table désormais sur une croissance de 1,2% pour la zone euro en 2014 (1% pour la France), contre 1,1% jusqu'à présent. Dans ces conditions, la Commission européenne estime que le chômage en France devrait atteindre 11% cette année. Un niveau record qu'elle devrait conserver en 2015.