• Le chômage baisse, merci SFR !

    Cette fois-ci, Pôle emploi a été en mesure de trouver la raison du problème. A quelques mois de la fin 2013, échéance fixée par François Hollande pour "inverser la courbe de chômage", les chiffres d'août publiés le 25 septembre, qui faisaient apparaître une baisse de 50 000 chômeurs en un mois, étaient bien faux.

    Pôle emploi a expliqué, lundi 30 septembre, qu'un bug avait affecté les SMS et les messages de relance envoyés aux chômeurs pour qu'ils actualisent leur situation. De quoi justifier une baisse spectaculaire qui avait, au mieux, fait sourire et, au pire, alimenté les soupçons de "manipulation statistique", comme n'avait pas manqué de l'évoquer l' UMP.

    Ces chiffres d'août n'en restent pas moins un véritable cadeau empoisonné pour le gouvernement. Alors qu'il pouvait raisonnablement espérer que le nombre de demandeurs d'emploi se stabilise, la baisse anormale d'août a contrarié ses plans et fait planer un doute sur les chiffres du chômage en général.

    Visiblement très irrité par cette anomalie, M. Sapin avait fait savoir, lundi 30 septembre au matin, devant l'Association des journalistes de l'information sociale, qu'il avait demandé à Pôle emploi "de regarder précisément ce qui s'est passé puisque, jusqu'à présent, on ne m'a pas donné une réponse que je considérais comme satisfaisante". Le soir même, Pôle emploi s'est exécuté en publiant un communiqué contrit.

    Le courroux du ministre est d'autant plus grand qu'il est fort probable qu'à l'occasion des prochains chiffres, prévus pour fin octobre, les chômeurs involontairement désinscrits à cause du bug retrouveront les listes. Ce qui promet, du coup, une augmentation du chômage. Il ne restera alors que les chiffres publiés fin novembre et fin décembre pour savoir si la promesse d'inversion "durable" de la courbe a été tenue – de quoi singulièrement compliquer la promesse présidentielle.

    Mais, plus grave, ce dysfonctionnement estival vient de nouveau démontrer les carences de la mesure du chômage en France, pourtant surveillé de près ou de loin par au moins quatre institutions : Pôle emploi, la direction des statistiques du ministère du travail (la Dares), l'Insee et l'Unedic. Alors que leurs chiffres sont aussi observés que sensibles, ils accumulent les variations inexpliquées, sans que, jusqu'ici, les services statistiques ne semblent trop s'en préoccuper.

    En septembre, l'Insee, qui publie tous les trois mois le taux de chômage selon une méthode normalement plus précise que celle de Pôle emploi, a annoncé qu'un changement de questionnaire avait malencontreusement fait reculer le chômage de 0,3 point.

    Comme l'institut n'avait prévenu personne en amont de ces changements, y compris Eurostat, l'organisme européen chargé de veiller à la qualité des statistiques nationales, il s'est retrouvé dans une position bien inconfortable au moment de publier ses données. Sur un chiffre aussi sensible, le soupçon n'est jamais très loin. Et la seule manière de le désamorcer est d'être transparent.

    De son côté, le chiffre des inscrits à Pôle emploi, publié chaque mois conjointement avec la Dares, ne cesse de connaître des anomalies. Le plus souvent, celles-ci sont de moindre ampleur que celle relevée au mois d'août. Mais elles restent, la plupart du temps, inexpliquées. Il a fallu l'énorme dysfonctionnement d'août et la pression politique qui en a découlé pour que Pôle emploi cherche enfin les raisons de la hausse exceptionnelle des désinscriptions de chômeurs n'ayant pas actualisé leur situation.

    D'habitude, Pôle emploi et la Dares répondent que les anomalies sont inévitables, leurs sources statistiques étant basées sur des données administratives. Ce qui semble un peu court et alimente là aussi, inévitablement, les soupçons inutiles.

    Les choses pourraient peut-être, enfin, changer avec l'enquête en cours de trois inspections générales sur les chiffres Pôle emploi-Dares. Cette enquête doit permettre de savois  s'ils réunissent les conditions pour obtenir le label "statistique publique", un gage de qualité qu'ils ne possèdent pas encore. "Mais ça ne va pas transformer  cette statistique, ça restera une statistique d'inscrits à Pôle emploi, forcément imprécise", tempère toutefois Paul Champsaur, le président de l'autorité de la statistique publique, chargée d' attribuer le label.

    La seule véritable piste d'amélioration passe par les méthodes plus fiables de l'Insee. Dans la moitié des pays européens, ses homologues publient une enquête mensuelle du taux de chômage, selon des critères surveillés par Eurostat. Jusqu'ici, l'Insee a refusé de s' engager dans cette voie, en continuant de publier son taux de chômage à un rythme trimestriel, avec en plus un délai de plusieurs mois. Une habitude qui donne de fait la primauté médiatique et politique aux chiffres de Pôle emploi, si volatils et imprécis, mais très réactifs. Il serait peut-être temps de s'aligner sur les pratiques de nos voisins.

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