• Le modeste 11 Novembre de François Hollande

    François Hollande inaugurera, ce mardi 11 novembre, à 15 heures, le Mémorial international de Notre-Dame-de-Lorette, à Ablain-Saint-Nazaire, près d’Arras. Sur un anneau de métal, conçu par l’architecte Philippe Prost, ont été gravés les noms de 580 000 soldats morts dans le Nord-Pas-de-Calais pendant la Grande Guerre. Le président a prévu de s’arrêter devant les noms de trois d’entre eux : un Français, un Britannique et un Allemand.

    Le modeste 11 Novembre de François Hollande

    Situé sur une colline qui fut le théâtre de sanglants combats entre 1914 et 1918, cet « anneau de la mémoire » se trouve en face du cimetière Notre-Dame-de-Lorette, plus grande nécropole militaire de France (20 000 tombes individuelles et 22 000 inconnus en ossuaires), où M. Hollande prononcera ensuite un discours. « Le président rappellera le caractère riche et rassembleur des commémorations du centenaire en France, indique l’Elysée. Il tentera également de tirer les leçons de cette histoire pour l’avenir. Sur ce territoire, des hommes venus de toutes les contrées se sont battus, mais aujourd’hui, quand les nations peuvent se parler, quand elles peuvent essayer d’éviter la violence, elles doivent le faire à tout prix. »

    Le modeste 11 Novembre de François Hollande

    Point d’orgue de l’année d’ouverture du centenaire de 1914-1918 en France, ce 11-Novembre ne revêtira pas la dimension politique et diplomatique que le président voulait lui conférer. Pour ce 96e anniversaire de l’armistice, l’Elysée avait convié la chancelière allemande, Angela Merkel, et le premier ministre britannique, David Cameron, le président du Bundestag, Norbert Lammert, et l’héritier du trône britannique, le prince Charles. Aucun ne devait finalement être présent !

    « Chacun chez soi »

    Pour les leaders allemands, difficile de commémorer la Grande Guerre deux jours après le 25e anniversaire de la chute du mur de Berlin, de loin la commémoration la plus importante outre-Rhin cette année. Les Britanniques, surpris de ne pas avoir été invités aux célébrations de la bataille de la Marne, le 12 septembre, après que la France a commémoré avec l’Allemagne le début de la première guerre mondiale, le 3 août, organiseront de grandes cérémonies en France, en juillet 2016, pour le centenaire de la bataille de la Somme, qui tient une très grande place dans leur mémoire collective.

    L’invitation des chefs d’Etat et de gouvernement aura occupé l’Elysée pendant des semaines. Finalement, seuls sept ministres étrangers – britannique, allemand, belge, portugais, canadien, australien, néo-zélandais – seront présents à Notre-Dame-de-Lorette. « On a beau dire que chacun commémore le 11-Novembre chez soi, c’est toute cette mémoire internationale de la Grande Guerre qu’on va retrouver à travers cette cérémonie », assure Joseph Zimet, directeur de la Mission du centenaire. S’inspirant du bicentenaire de la Révolution française, qui avait attiré 33 chefs d’Etat à Paris, le 14-Juillet 1989, la Mission du centenaire espérait organiser de grandes commémorations officielles internationales. Le rapport rendu le 15 septembre 2011 par M. Zimet au président Nicolas Sarkozy prévoyait d’inviter les chefs d’Etat des pays belligérants pour le centenaire de l’attentat de Sarajevo et pour le 14-Juillet. Ceux-ci ont préféré se rendre aux célébrations du 70e anniversaire du Débarquement, le 6 juin.

    Les tensions géopolitiques en Europe de l’Est et au Moyen-Orient montrent que le monde n’en a pas fini avec les conséquences du premier conflit mondial. « La mémoire de la Grande Guerre ravive les plaies des minorités, explique l’historien Rémi Dalisson. Le problème des nationalités, mis sous le boisseau pendant l’ère communiste, resurgit aujourd’hui. On le voit avec la redécouverte du nationalisme en Hongrie, l’éclatement des frontières en Ukraine. Dans ce contexte, il est difficile d’inviter des chefs d’Etat à Paris, où furent conclus les traités de paix en 1919-1920. La seconde guerre mondiale est plus facile à commémorer : on peut mettre tout le monde à la même table pour célébrer la victoire contre le nazisme. »

    C’est la deuxième fois que le 11-Novembre sera célébré en province. En 2008, Nicolas Sarkozy avait déplacé la cérémonie à Verdun. François Hollande ne rompt pas pour autant avec la tradition : le matin, il se rendra devant la statue de Georges Clemenceau, au rond-point des Champs-Elysées, ravivera la flamme sous l’Arc de triomphe, puis se recueillera devant la tombe du Soldat inconnu. Le 11 novembre, devenu journée nationale d’hommage à tous les morts pour la France en 2012, le président saluera les familles des six soldats morts depuis un an.

    La cérémonie se fera sous haute surveillance policière : en 2013, M. Hollande avait été hué par des partisans du Printemps français et des groupes d’extrême droite. Soixante-treize personnes avaient été interpellées, quatre placées en garde à vue.

    « Paradoxalement, ce type de manifestation maintient un intérêt pour les fêtes nationales parce que ça montre qu’elles sont un enjeu, une tribune pour s’exprimer », estime M. Dalisson. M. Zimet s’attend pour ce 11-Novembre à une plus grande mobilisation des Français que lors des éditions précédentes. A Paris, mais surtout en province. « La surprise de ce centenaire, c’est la réappropriation de la mémoire de 14-18 par les familles et les territoires », affirme-t-il.

    « Le 11 novembre 1918, à 5 heures du matin...Le nouveau Bleuet de France désormais fabriqué en France ! »

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