• Le nouveau prix littéraire de Libé ...

    Derrière l'émoi médiatique orchestré – à la veille des municipales ! – autour des conversations Sarkozy-Herzog, il y a une énormité dont les télévisions (sauf LCI ce matin, où j'ai abordé le sujet) ne parlent pas : les écoutes judiciaires sont opérées par... des sociétés privées, qui exploitent le ''marché des interceptions téléphoniques''. Un marché ''ultra-concurrentiel'' d'après le seul article paru sur cette question depuis le début de l'affaire (Libération, 19/03). La concurrence opposait par exemple le groupe Elektron, qui a réalisé les écoutes Sarkozy-Herzog, et le groupe Foretec, qui a équipé le ministère de l'Intérieur... Ou Azur-Integration, SGME-Midi-System, Amecs, Deveryware... On apprend que, depuis dix ans, des responsables de la PJ comme Martine Monteil mettaient en garde contre l'opacité de ces firmes et leurs problèmes ''de sécurité et de déontologie'' ; ou que l'ANSI (Agence nationale pour la sécurité des systèmes d'information) les accusait de ''ne pas prendre les mesures élémentaires de sécurité'', sans doute pour comprimer leurs frais. En 2009, la CNIL dénonçait les ''inconvénients majeurs'' de ce réseau de sous-traitants de l'Etat : ''les mesures de sécurité et de traçabilité mises en oeuvre ne sont pas satisfaisantes...''

    En 2010, Sarkozy et Rachida Dati décidaient de confier les interceptions judiciaires à une seule société privée : le groupe Thalès, dont l'Etat n'est qu'actionnaire minoritaire à 26%. Ce qui a donné lieu à la construction d'un bunker souterrain à Élancourt dans les Yvelines : copie minuscule du complexe géant de la NSA aux Etats-Unis, mais ce nanisme n'est pas plus rassurant pour ça. Que se passera-t-il si cette PNIJ (« plateforme nationale des interceptions judiciaires ») est détournée au profit d'intérêts économiques, ou piratée par des hackers ?

    La PNIJ donne à un groupe privé – Thalès – la haute main sur les 5,5 millions de réquisitions judiciaires, genre fadettes, et les 47 000 interceptions téléphoniques et numériques ou géolocalisations.

    C'est Thalès qui fera fonctionner la machine d'espionnage, et qui contrôlera le coffre-fort numérique où seront stockées les interceptions... ''Pas d'exemple dans l'histoire où un tel pouvoir concentré entre les mêmes mains n'a pas créé de dérives'', souligne le CECIL (centre d'études sur la citoyenneté, l'informatisation et les libertés). Pour l'ex-patron de la police nationale Frédéric Péchenard, la plateforme Thalès est ''une cible potentielle du fait de la concentration de données sensibles''

    Et personne ne pourra contrôler l'activité de Thalès : parce que le système du PNIJ sera trop complexe pour les moyens de la CNIL ou d'un très théorique ''comité de contrôle'' ; et parce que Thalès est couvert par le confidentiel-défense, cas exemplaire de la confusion du pouvoir d'Etat et des intérêts privés (dans la post-démocratie qui métastase depuis les années 1990).

    L'Etat nous explique qu'il fallait créer la PNIJ parce que le système antérieur n'était pas fiable. Mais, il y a quelques années, l'Etat nous assurait que ce système antérieur donnait toutes garanties de sécurité... Que nous dira l'Etat dans quelques années à propos du système Thalès ? Et que sera-t-il arrivé entre temps ?

     

    Le nouveau prix littéraire de Libé ...

     

    « Premier jour du printemps ...Optique : moindre remboursement ? »

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :