• Traité transatlantique : moins on en parle, mieux ils se portent

                 Traité transatlantique : moins on en parle, mieux ils se portent

    Le traité transatlantique aurait du passer comme une lettre à la poste, rapidement expédiée. François Hollande lui-même voulait « aller vite » pour éviter aux citoyens de trop s'y intéresser !

    En effet, lors d’une conférence de presse à Washington, le 11 février 2014, le Président de la République a déclaré : « Nous avons tout à gagner à aller vite. Sinon, nous savons bien qu’il y aura une accumulation de peurs, de menaces, de crispations ».

    C'est tout le problème de la démocratie, qui n’est pas chose facile à contrôler. Si l’on en dit trop au peuple, il peut se rebiffer. Il peut réaliser ce qui se trame dans les coulisses, se poser des questions, voire réfléchir (ça lui arrive) et agir.

    Les élites ont vécu ce genre de traumatisme en 2005 avec le référendum sur le Traité constitutionnel européen (TCE), alors soutenu d’un même élan par le PS et l’UMP. Déjà, à l’époque, on expliquait que c’était un texte formidable, mais trop technique et donc incompréhensible pour le commun des mortels. Il fallait donc faire de la « pédagogie », comme dirait Fleur Pellerin, et rien de plus.

    Les choses ne se sont pas tout à fait déroulées comme prévu. La transparence a été obtenue à la pointe du stylo. L’info a fini par circuler grâce aux canaux échappant à la censure de l’oligarchie médiatique. Résultat : le non l’a emporté. En vertu de quoi le PS et l'UMP ont fait passer par la fenêtre de la honte le TCE, rebaptisé « Traité de Lisbonne », sorti par la grande porte de la souveraineté populaire.

    Traité transatlantique : moins on en parle, mieux ils se portent

    En haut lieu, tout le monde a médité la leçon, à commencer par François Hollande, qui avait fait la « une » de Paris Match en compagnie de Nicolas Sarkozy  pour vanter les charmes du oui, en 2005. D’où sa volonté d’aller vite et surtout de passer par-dessus la tête des citoyens — quitte, ensuite, à leur expliquer qu’il aurait dû faire preuve de « pédagogie », bref mieux leur expliquer ce qu’ils ne peuvent comprendre puisqu’ils ne sortent pas tous de la promotion Voltaire de l’ENA.   

    Les dangers du Grand Marché Transatlantique USA-Europe, malgré la semi-clandestinité des négociations, commencent à apparaître au grand jour, et l’Assemblée nationale, le jeudi 22 mai, sans s’opposer à la négociation, a réclamé plus de transparence. On a évoqué le commerce, l’industrie, l’agriculture, et les méthodes judiciaires que les États-Unis prévoient d’imposer aux gouvernements européens pour obtenir qu’ils reculent sur leurs réglementations sociales et environnementales. On l’a moins dit mais non seulement le secteur de la protection sociale pourrait être impacté, mais aussi tout le secteur social non lucratif.

     Ce Grand Marché Transatlantique (GMT), appelé aussi TAFTA, TTIP ou PTCI, est un grand projet du monde dit libéral, depuis la chute du mur de Berlin. Plus concrètement, les négociations ont débuté en juillet 2013 (ironie de l’histoire : c’était au moment où l’Europe apprenait que les USA, avec la NSA, avait espionné l’Europe, les Etats et les citoyens). Depuis, elles ont connu plusieurs « rounds » : le cinquième a repris le 19 mai à Arlington (Washington). Une instance restreinte de l’Union européenne a approuvé un mandat de négociation le 14 juin 2013 (y siégeait Nicole Bricq, alors ministre française du commerce extérieur). Ce mandat est écrit en anglais et sa diffusion est interdite, sous prétexte de ne pas révéler d’emblée au partenaire américain la teneur de ce qui pourrait lui être accordé (plus prosaïquement, il s’agit de dissimuler aux populations un projet particulièrement dangereux). En réalité, il circule copieusement sur le Net. Des experts l’ont commenté, dont Danièle Faveri, juriste, qui a publié Europe/Etats-Unis, les enjeux de l’accord de libre-échange, les coulisses du TAFTA.

    Moins connu :

    Il faut savoir que le traité transatlantique menace aussi le peuple américain !

    La population nord-américaine a également du mouron à se faire. Dans le grand dossier sur le Grand Marché Transatlantique (GMT) qui paraît ce mois-ci dans le Monde Diplomatique, un article fait le point sur les dix principales menaces qui planent sur le peuple américain.
     
    Si la perspective de trouver des organismes génétiquement modifiés (OGM) dans les assiettes est une crainte légitime des opposants au traité en Europe, il faut savoir que le danger est partagé avec les Américains. En effet, aux Etats-Unis, près de la moitié des Etats imposent l’étiquetage des produits alimentaires contenant des OGM. Mais les compagnies agro-industrielles du type Monsanto font pression pour que ces avertissements passent à la trappe à l’issue des négociations.

    Ce n’est pas tout. On apprend que les entreprises pharmaceutiques européennes souhaitent que l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux renonce à ses contrôles indépendants préalables à la vente de médicaments sur le territoire des Etats-Unis. Et le lobby américain Pharmaceutical Research and Manufacturers of America (PHRMA) fait pression pour que le traité limite la capacité des gouvernements américains et européens à négocier la baisse du coût des soins pour les programmes publics de santé...
     
    Mais le point le plus spectaculaire et le plus inattendu évoqué dans l'article du Monde diplo est la volonté des négociateurs européens de démanteler les réformes de Barack Obama pour encadrer le secteur financier, en s’attaquant notamment à « la règle Volcker, qui limite la capacité des banques commerciales à développer des activités spéculatives » ou bien encore à « la régulation publique des assurances »

    Ironiquement, c’est le merveilleux monde de la banque qui pourrait sonner le glas du GMT. Du moins, c'est ce que prétend aujourd'hui l'exécutif français ! La BNP pourrait être condamnée par le gouvernement américain à verser une amende de plus de 7 milliards d’euros pour avoir développé des activités avec des pays sous embargo (Cuba, l’Iran…). Une sanction qui n’est pas du goût de Laurent Fabius et François Hollande. Le président a annoncé qu’il mettrait le traité transatlantique dans la balance lors de sa rencontre avec Barack Obama qui a eu lieu lors de la commémoration du Débarquement en Normandie. Le même président qui avait expliqué, par le passé, qu'il fallait « aller vite » dans les négociations car « sinon, nous savons bien qu’il y aura une accumulation de peurs, de menaces, de crispations »... 

     

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    « Un symbole qui tombe à pic pour Niccolas Sarkosy ?"¡ Que mala pata ! " ou " Quelle poisse ! " »

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