• Richard Anthony n' entendra plus siffler le train ...

    Richard Anthony n' entendra plus siffler le train ...

    Du train qui siffle ou du blues que l’on twiste, que retiendra-t-on de Richard Anthony, mort dans la nuit du lundi 20 avril à Pégomas (Alpes-Maritimes) à l’âge de 77 ans ?
     

    Il restera dans la mémoire collective avec un titre, "Et j'entends siffler le train", tube enregistré en 1962 qui, un demi-siècle plus tard, lui est resté collé à la peau. Influencé par la pop anglophone qu'il connaît bien, ce polyglotte parlant six langues, né au Caire le 13 janvier 1938, décide d'adapter ce nouveau son à des textes français. Il enregistre "You Are My Destiny" de Paul Anka, "Peggy Sue" de Buddy Holly, et fait le tour des maisons de disques sans dire qu'il en est le chanteur. Il se décide à l'avouer sous l'engouement des directeurs artistiques. Il est le pionnier du twist en France. Il sera, avec Johnny Hallyday, le plus gros vendeur de tubes des années 60, enchaînant 300 galas par an.

    Il vit alors entre Marbella, où réside sa famille, et Londres, où il enregistre aux studios Abbey Road aux côtés des Beatles qu'il a vus débuter et avec qui il s'est lié d'amitié. La chanson "Michelle" des Beatles a d'ailleurs été composée une nuit dans les cuisines du Hilton de Londres, où Richard résidait. Il avait alors invité McCartney à se restaurer après une longue séance de studio. Ce soir-là, le concierge avait apporté plusieurs messages de la part de Michelle, l'épouse de Richard Anthony. Paul, d'un élan taquin, avait alors lancé "Michelle, ma belle..." avant de griffonner sur un coin de table le texte de cette chanson en hommage à la femme de Richard. Et de lui proposer de la chanter.

    Problèmes avec le fisc

    "Je me suis dit : lançons-nous, sans même savoir si je savais chanter", racontait-il. Le succès l'attend à son troisième 45 tours, "Nouvelle vague" (1959), inspiré de "Three Cool Cats", des Coasters. Suivront "Itsy bitsy petit bikini" (1960), "Let's Twist Again" ou "Fiche le camp Jack" (1961), et surtout son célèbre slow "J'entends siffler le train", en 1962, vendu à plus de 1,5 million d'exemplaires. Il enregistre des dizaines de hits - "Écoute dans le vent", adapté de Bob Dylan, en 1964, "Je me suis souvent demandé" (1965), etc. - et pilote son avion privé pour ses tournées. Il achète des villas, maisons, voitures, motos, bateaux...

    À partir des années 70, le disque s'enraye. Il connaît un moindre succès, malgré le tube "Amoureux de ma femme" qui le hisse une dernière fois à la première place des hit-parades. Puis c'est une longue traversée du désert dans la décennie suivante. Le fisc lui reproche d'avoir dissimulé des revenus. Il s'exile un court moment aux États-Unis avant de s'installer dans le sud de la France. Il profite alors, comme beaucoup de chanteurs de sa génération, de la vague nostalgique qui atteint l'Hexagone et ressort avec succès les chansons de ses débuts.

    "Je n'ai jamais été une bête de scène"

    "Timide et sauvage comme je suis, je n'ai jamais été une bête de scène", reconnaissait-il. Au total, il aura dans sa carrière 17 tubes classés 21 fois numéro un des ventes : il est aujourd'hui encore le seul chanteur français ayant atteint un tel record. Il est aussi l'un des rares Français à avoir été numéro un dans des pays étrangers comme l'Italie, l'Allemagne, le Portugal, l'Espagne, la Suisse, la Belgique, l'Argentine, le Liban ou même l'Iran... Dans sa carrière, il a enregistré plus de 600 titres et vendu près de 50 millions de disques.

    Père de 9 enfants de plusieurs mères, certaines le poursuivent en justice, il doit même verser une pension alimentaire à une ex-gouvernante pour deux enfants qu'il dit avoir reconnus pour "lui rendre service" sans en être le père. Au milieu des années 1990, il connaît un retour en grâce avec de nouveaux enregistrements de ses tubes et des mémoires ("Il faut croire aux étoiles", 1994). En 1998, il fête ses 40 ans de carrière au Zénith, à Paris.

    Après un nouveau come-back en 2006 grâce aux populaires tournées d'anciennes vedettes "Âge tendre et Têtes de bois", il est opéré d'un cancer du côlon et publie une nouvelle autobiographie plus personnelle (Quand on choisit la liberté, 2010). Promu en 2011 au grade d'officier dans l'ordre des Arts et des lettres, il avait retrouvé en février 2012 l'Olympia de ses débuts, pour un dernier concert. Richard Anthony est mort dans la nuit de dimanche à lundi à Pégomas, sur la Côte d'Azur. Il était atteint d'un cancer.

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