Déjà fortement déployée à l’étranger, en Afrique principalement, l’armée française doit désormais se mobiliser sur un deuxième front, intérieur celui-là : 10.000 militaires vont être déployés dans le cadre du plan Vigipirate qui a été maintenu au niveau « alerte attentat », le plus haut. C’est Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, qui l’a annoncé ce lundi matin, au lendemain d’ une journée de manifestation sans précédent contre le terrorisme.

« Le président de la République a demandé aux forces armées de participer à la sécurité des points sensibles du territoire en raison de l’ampleur des menaces qui existent », a déclaré Jean-Yves Le Drian cité par Reuters, à l’issue d’une réunion sur la sécurité à l’Elysée. Ces hommes se rajouteront aux 4.100 gendarmes et CRS déjà déployés, avait précisé un peu plus tôt Manuel Valls sur RMC et BFM TV.

Déploiement sans précédent

A ce stade, on compte déjà 5.300 militaires environs engagés dans le cadre de Vigipirate , dont 3.000 à Paris. Les effectifs vont passer 7.800 environ mardi soir, et grossiront de plusieurs centaines dans les heures suivantes, selon le porte-parole de l’état-major des armées, le colonel Gilles Jaron. Si l’on ajoute les 1.500 soldats mobilisés dans le cadre de la posture permanente de sûreté aérienne et de sauvegarde maritime, on arrive au chiffre de 10.000, voire plus, annoncé ce lundi matin.

A ce niveau, il s’agit d’un déploiement sans précédent pour l’armée dans le cadre de sa mission d’aide à la protection du territoire national. Le livre blanc de la défense stipule en effet que « l’engagement des armées en renfort des forces de sécurité intérieure et de sécurité civile en cas de crise majeure pourra impliquer jusqu’à 10.000 hommes des forces terrestres, ainsi que les moyens adaptés des forces navales et aériennes. »

Pas de marge de manoeuvres

L’engagement est d’autant plus majeur que les troupes en OPEX - 8.500 environ - ou qui se préparent à les relever ne sont pas mobilisées. En approchant les 20.000 hommes ou femmes en mission opérationnelle, en France ou à l’étranger, l’armée atteint sans doute le maximum de ses capacités.

La question de la durée d’un tel engagement pour Vigipirate va donc se poser. En temps normal, un soldat sert 15 jours, mais l’urgence de la situation actuelle va sans doute obliger à retarder un peu les rotations. De même, si une nouvelle crise devait intervenir, le gouvernement sera obligé de revoir ses plans, faute de troupes supplémentaires disponibles. « Pour l’instant, il s’agit d’une mission sans précédent et nous y faisons face », répond l’Etat major.

http://www.risques.gouv.fr/menaces-terroristes/le-plan-vigipirate