• Le temps a laissé son manteau
    De vent, de froidure et de pluie,
    Et s'est vêtu de broderie,
    De soleil luisant, clair et beau.

    Il n'y a bête ni oiseau
    Qu'en son jargon ne chante ou crie :
    Le temps a laissé son manteau
    De vent, de froidure et de pluie.

    Rivière, fontaine et ruisseau
    Portent en livrée jolie
    Gouttes d'argent, d'orfèvrerie;
    Chacun s'habille de nouveau:
    Le temps a laissé son manteau.

     René Charles d'Orléans


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  • Solitude, sais-tu pourquoi je t’aime ?
    Solitude, sais-tu pourquoi je t’attends ?
    Solitude, sais-tu pourquoi je t’espère ?
    Solitude, sais-tu pourquoi je t’ai apprise ?


    En toi, je trouve le refuge face au regard étranger,
    En toi, je trouve le silence face à l’inexplicable,
    En toi, je trouve la paix face à l’épuisement,
    En toi, je trouve celle que je suis devenue.

    Avec toi, j’ai parcouru des chemins inconnus,
    Avec toi, j’ai parcouru l’espoir et la désespérance,
    Avec toi, j’ai parcouru la vie et la souffrance,
    Avec toi, j’ai appris à tout réapprendre.

    Alors, Solitude, quand ma main tu lâcheras,
    Et qu’une main nouvelle viendra se tendre,
    Alors, Solitude, souvent mon cœur reviendra,
    Car pour aimer, il faut savoir attendre.


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  •  

    La plus délicate des roses
    Est, à coup sûr, la rose-thé.
    Son bouton aux feuilles mi-closes
    De carmin à peine est teinté.

    On dirait une rose blanche
    Qu'aurait fait rougir de pudeur,
    En la lutinant sur la branche,
    Un papillon trop plein d'ardeur.

    Son tissu rose et diaphane
    De la chair a le velouté ;
    Auprès, tout incarnat se fane
    Ou prend de la vulgarité.

    Comme un teint aristocratique
    Noircit les fronts bruns de soleil,
    De ses soeurs elle rend rustique
    Le coloris chaud et vermeil.

    Mais, si votre main qui s'en joue,
    A quelque bal, pour son parfum,
    La rapproche de votre joue,
    Son frais éclat devient commun.

    Il n'est pas de rose assez tendre
    Sur la palette du printemps,
    Madame, pour oser prétendre
    Lutter contre vos dix-sept ans.

    La peau vaut mieux que le pétale,
    Et le sang pur d'un noble coeur
    Qui sur la jeunesse s'étale,
    De tous les roses est vainqueur !

    Théophile Gautier
    (1811 - 1872)
    Recueil “Émaux et Camées”

    N.B. : c' est également ma couleur de rose préférée !{#}


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